Avant de commencer par mon histoire en elle-même, je dois vous faire un résumé de ma famille : Les Mors. Une famille de traîtres.

Les Mors sont une très vieille lignée de sorciers, une famille basée sur le manque de sentiment, la puissance et l’intérêt. Aucun Mors n’a offert un soupçon d’amour à ses proches, un membre de ma famille n’est intéressé que par le pouvoir, il ne veut être entouré que de personnes puissantes. Nous sommes éduqués de manière stricte, contrôle des sentiments, de la magie, savoir se battre avec des armes lambdas. La magie noire primait, même si il pouvait y avoir quelques exceptions. Nous étions riches, emplis de savoirs, les Mors étaient comme une famille « indestructible ».

Mais ma naissance a tout changé.

Je suis née aux premiers rayons du soleil, à l’aube du 5 mars 1995, fille de deux parents puissants et considérée comme la sorcière Mors la plus prometteuse de la famille. Ma mère m’a nommé Evangeliya Tahlia. Evangeliya en prédiction de mon futur caractère de feu et de ma détermination à obtenir ce que je veux, Tahlia en hommage à ma grand-mère que je n’ai jamais connu et dont je me fiche éperdument.

Mon enfance a été typique pour un Mors, excepté un point. Ma mère était différente de ma famille, mon père était un Mors pur alors que ma mère était d’origine bulgare, ce qui explique également mon prénom. La lignée bulgare de ma mère était portée sur la magie blanche, mon père a passé outre en voyant la puissance de ma génitrice.

Ma mère était la seule à me donner tout l’amour qu’un parent pouvait me donner. J’ai été élevé dans un mélange d’amour et d’indifférence. Cela a vite déclenché mes dons, en rapport avec le feu. Rien d’étonnant ici. Je provoquai des incendies incontrôlés dans tout le Manoir Mors et je faisai parfois bouillir le sang de nos domestiques. J’en ris encore aujourd’hui.

Mon père m’a vite appris à me maîtriser, il disait que j’étais trop importante pour la famille pour me laisser dépasser par la situation familiale, assez ambiguë. Ma mère n’était point aimée, moi de même par mes cousins, oncles et tantes. Mais je m’en fichai, j’étais plus forte qu’eux, ils étaient jaloux, parce que nous pouvons se l’avouer…je suis géniale.

Jusqu’à mes quatorze-ans, je n’ai pas fait grand-chose de ma vie. J’avais emmagasiné beaucoup de connaissances sur la magie et plusieurs autres domaines. Aujourd’hui je sais beaucoup de choses sur le surnaturel et l’histoire qu’on peut retracer de celui-ci. J’avais réussi à maîtriser entièrement la Pyrokinésie, l’Accélération Moléculaire restait encore un léger problème. Ma mère essayait de m’initier à la magie blanche, mais les Mors me ramenaient toujours en direction de la magie noire, ce qui n’était pas pour me déplaire, j’adorais l’idée de me servir de cette magie, quand bien même tout sort ait une conséquence avec celle-ci. C’est aussi dans cette période que j’ai développé une très bonne perspicacité, un jeu d’acteur exceptionnel et mes pensées analytiques m’obligeaient à me méfier de tout, tout observer et interpréter. Non seulement il était très difficile de me mentir mais en plus, je mentais à merveille.

A mon quinzième anniversaire, cette vie m’ennuyait terriblement. Je me trouvais trop droite, dans la lignée de ce que mes ancêtres avaient déjà fait. Je me suis donc rebellée telle une adolescente humaine. Je me rendais dans des lieux qui pourraient presque être comparée à la ville Babylone. Je me droguai, m’alcoolisai, faisai des courses de voitures, c’était une belle partie de ma vie. Les Mors me haïssaient au plus au point, même mon père. Ma mère était déçue, la seule fois où je ressentis de la culpabilité c’était envers elle. Elle m’avait tout donné, je gâchai tout. Je me suis de nouveau rendue aux galas, apprenant de nouveau d’autres aspects de la magie, m’entraînant au combat au corps à corps, utiliser des armes lambda. J’étais la Evangeliya dont tout les Mors rêvaient. Froide, sexy, puissante, sanguinaire. Le mal fait parti de moi, seule ma mère avait réussi à révéler une autre facette de moi-même. Et cela n’est plus jamais arrivé par la suite.

Lors de mon dix-septième anniversaire, mon père et le reste de la famille commencèrent à agir de manière étrange. J’avais deviné qu’il préparait un coup plus que mauvais…mais jamais je n’aurai soupçonné que c’était contre la prodige de la famille qu’ils le mettaient en place.

Trois jours avant le 21 décembre 2012, mon père et mes oncles m'ont annoncé avoir probablement trouvé le moyen de devenir immortel, de déjouer le temps lui-même. Un tel accomplissement magique était dur à obtenir mais pas impossible alors je les ai cru. Et est-ce que cela m'intéressait ? Evidemment. Quel Mors serai-je, si je n'étais pas intéressée par l'immortalité ?

Cependant, mon esprit analytique restait méfiant, j'avais donc spécifié que je voulai les voir à l'oeuvre et que si cela marchait, je le ferai à mon tour. Les hommes Mors avaient insisté pour que j'y participe avec eux et mes tantes. Je n'avais pas changé d'avis pour autant.

Le soir-même j'eus la mauvaise surprise de me faire assommer. Je m'étais réveillée, allongée sur un autel dans la cave de la demeure Mors. Mon père, mes oncles, leur femmes et deux cousins étaient présents, autour de moi. En une seconde, j'avais tout compris.

Ils espéraient devenir immortels en sacrifiant la prometteuse Evangeliya Tahlia Mors. La prodige de la famille, une parfaite représentante.

Je n'ai pas supplié, j'ai ordonné. Mais évidemment les Mors n'écoutent que leur égo et leur soif de puissance, ma propre famille était prête à me sacrifier sur un vulgaire autel dans un sous-sol seulement parce qu'ils étaient faibles et étaient effrayés de la chose la plus naturel du monde. Le temps.

Ils prononçaient des paroles que je n'avais pas pris la peine d'écouter. Je voulais vivre, être puissante et pas être forcée d'offrir ma vie, ma puissance à des personnes aussi traîtres, pathétiques. Comme chaque être, mon sens de la survie s'est réveillé et a puisé dans toute ma force pour me sortir de ce piège sordide.

Le début d'un incroyable incendie est apparu, déconcentrant mes confrères et j'en ai profité pour utiliser mon don d'accélération moléculaire contre eux. Mes cousins s'étaient déjà enfuis, tel des humains grelotants de peur à l'idée d'être dans le noir. Mes tantes essayaient de me maintenir allongée sur la pierre dure pendant que mes oncles  et mon père éteignaient difficilement le feu que j'avais provoqué.

Le sang de mes tantes avaient tellement bouilli qu'elles étaient méconnaissables, la vie les avait quittée et en y pensant à nouveau, cela ne me fait rien. Elles l'ont mérité, elles ont trahi un membre de leur famille, elles en ont payé le prix.

J'ai brûlé vif un de mes oncles. J'ai fui le Manoir Mors tout en allumant divers incendies comme la nature et les hommes ne pouvaient point le faire. Quand j'ai atteint l'extérieur, je me suis écroulée, vidée, épuisée de toute énergie.

Se sont les séismes du 21 décembre qui m'ont sorti de mon état comateux. J'étais encore un peu faible mais j'allais bien. Ma mère avait pris soin de moi durant ces trois jours. Le reste de notre famille avait répandu la rumeur, comme quoi j'étais la « Meurtrière des Mors », si bien que quiconque connaissait les Mors et leur nature, me « connaissait » également, du moins ce que j'avais fait et mon nom. Les Mors étaient décidés à nous tuer dès qu'ils nous reverraient.

Le 22 et 23 décembre, je suis restée allongée dans mon lit dans une auberge, ma mère me rapportait ce qui se passait à l'extérieur et que ce n'était point normal. Personnellement à cet instant je me fichai éperdument de ce qui se passait autour de moi. Je pensai juste à la façon dont j'allais faire bouillir le sang de mon père pour avoir trahi sa fille. Je n'avais pas la même conception de la famille que le reste des Mors à cause de ma mère. C'est sûrement pour cela que je suis si rancunière envers eux aujourd'hui.

Le 24 décembre, je suis sortie pour voir à quoi ressemblait le monde. Et j'eus la mauvaise surprise de voir des cadavres envahirent les rues, qu'ils soient inertes ou debout, mangeurs de chair. Il était évident que ce mal appelé « Virus Z » n'était pas d'ordre naturel ou humain. Il était d'ordre surnaturel.

Nous avions vite saisi l'idée que nous devions désormais survivre dans un monde où les morts mangent n'importe quel être-vivant. Etant remise sur pieds, nous avons pris des armes factices et avons quitté l'auberge pour vagabonder entre mère et fille dans ce nouveau monde.

J'aimais la façon dont on vivait, je pouvais tuer en pleine rue, des manières les plus sanglantes qui me passaient dans mon esprit, j'utilisais mes dons en rapport avec le feu pour me protéger ou juste tuer pour le plaisir. Mais ma mère en avait assez de me voir me servir de la magie pour « faire le mal ». Elle commençait à me renier.

Ainsi, moi et ma mère vagabondions dans New York, jusqu'au jour où notre père nous a retrouvé. Il paraissait faible, bien plus que d'ordinaire et au plus mal. Si ma génitrice compatissait avec lui, j'en ai seulement profiter pour me venger. Il détenait quelques fioles d'Oméga. Un soin qui ralentissait l'avancement du Virus Z dans l'organisme. Qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai brisé ces fioles devant lui. Sauf une, que j'ai gardé avec moi. Je ne sais pas comment on prépare ce soin, autant en avoir un peu pour moi, non ?

Mon père était donc condamné à devenir l'un des leurs ou avoir le cerveau écrasé par une arme, j'ai préféré le laisser malade, ma mère m'a juste suivi. Elle me détestait c'était clair. Mais une part d'elle m'aimait toujours autant.

Le 5 mars 2013, le soir de mon dix-huitième anniversaire, ma mère voulu m'offrir un cadeau...et quel cadeau ? J'avoue que cette trahison, je ne l'ai pas vu venir. Elle a sorti un couteau et m'a menacé avec, m'avouant qu'elle préfèrerait mourir que de voir sa fille devenir comme ces survivants tueurs que nous avions tant rencontré. Je l'ai maîtrisé et alors que nous pensions toutes les deux que je la tuerai, je lui ai ordonné de partir loin de moi. C'est également la seule fois où j'ai versé des larmes. Ma mère est partie de son côté, moi du mien. C'est à partir de ce moment que j'ai cessé d'apprécier l'apocalypse, restant neutre sur ce point et me contentant de survivre sans pleurer, crier ou rire sur ce qui se passait. Comme si c'était normal que cela arrive.

Jusqu'à il y a une semaine, j'étais seule. Plus d'un an de solitude, à survivre et tuer pour le plaisir. J'ai bien revu un de mes cousins qui a tenté de me tuer et a échoué une fois de plus. Mis à part cela, ma survie était d'un ennui bien plus mortel que le virus, seule la magie m'aidait à ne pas tomber en dépression.

Il y a donc une semaine, j'ai remarqué un groupe de survivant. C'était le premier que je voyais en plus d'un an qui ne m'inspirait aucune hostilité virulente. Je les ai approché avec le rôle d'une pauvre délinquante qui se débrouillait très bien pour survivre, qui possédait plusieurs vivres indispensables mais qui était désespérément seule et au bord de devenir une cinglée schizophrène. Un rôle que je remplis à la perfection. Qui pourrait penser que j'ai tué des membres de ma famille, que je suis une sorcière et que je cache sous ma manche plus d'un secret dont la fiole d'Oméga que j'ai toujours en ma possession ? Je suis donc, aujourd'hui une Pirate, je vis dans un bateau renommé « The Styx », jouant un rôle de petite humaine à merveille. Et je dois avouer que je me sens très bien sur ce navire aujourd'hui et que je n'ai pas envie de quitter ce groupe !