« Tu sais, ici tout le monde pense me connaître. Je suis Vera la toubib. Le Doc. Mais tu sais que je n'ai même pas mon diplôme ?! Le monde est partit en couille avant la fin de mon Internat. C'est dommage. J'aurais adoré voir le regard fier de mes parents. Fiers de voir leur fille unique devenue Docteur en Médecine, spécialisée en cancérologie. J'étais douée tu sais, major de ma promo. Pourtant on dirait pas quand on me voit. On croit souvent que je ne pense qu'à m'amuser. Pourtant ce n'est pas le cas. Mes études j'aimais ça, vraiment. Je me donnais à fond là dedans. Je ne vivais que pour ça. »

Sur la table de soin, l'homme agonise. Ils le savent tous, il va mourir. Alors Vera a demandé à rester seule avec lui, pour lui apporter les derniers soins. Elle a prétende, discrètement, qu'il a été infecté, mordu par un contaminé. Elle devra se débarrasser du corps, au cas où. Bon prétexte … Personne ne se doute de rien, pas même le mourant.

« Mes parents n'ont jamais pu avoir d'autres enfants. A mère a eu un cancer lorsque j'étais enfin, ils ont du lui retirer son utérus … Je crois que c'est ça qui m'a donné envie de devenir médecin. Je l'ai vu souffrir et je voulais soulager ses douleurs. Je voulais révolutionner la médecine. Petite déjà j'étais passionnée par les sciences. Je passais le plus clair de mon temps à lire des revues scientifiques, à observer le ciel avec mon télescope, à soigner mes poupées. Le corps humain m'a toujours fasciné. L'univers, tout entier me fascinait. J'avais soif d'apprendre. J'étais trop curieuse et cela gênait parfois mes parents. A trois ans je demandais à mes parents comment faire les bébés. Imagine leur tête ! »

Doucement, de sa main agile, Vera planta une aiguille dans le bras de l'homme qui grimaçait. Son front transpirait sous la souffrance. Il était gravement blessé, une hémorragie interne certainement. Par pitié pour lui, Vera lui donna donc une dose de morphine. Elle n'était pas un monstre. Elle voulait soulager les souffrances du combattant, en attendant sa fin … et sa faim.

« C'est donc naturellement que mes parents ont accepté de financer mes études de médecines à la célèbre NYU school of medicine. Ils m'ont même payé un appartement pour que je puisse étudier tranquillement près de l'université. J'avais tout pour moi. Tu sais j'avais vraiment un bel avenir devant moi. J'étais une étudiante studieuse. On dit souvent que les étudiant en médecine font des beuveries phénoménales. Quelque part c'est vrai. Mais moi je n'y ai pas souvent assisté. J'étais le nez dans mes bouquins. Mais j'étais pas seule pour autant. J'avais un petit copain, Cooper ... Il était adorable. On étudiait ensemble, entre deux plats chinois et deux câlins. »

Les joues de Vera se mirent à rougir en pensant à son ancien petit ami. Ils s'étaient séparés quelques semaines avant la fin du monde comme elle l'appelait. Elle avait, malgré tout, beaucoup d'estime pour Cooper. Même si au fond il n'était qu'un enfoiré qui l'avait trompé avec sa meilleure amie.

« Je me suis fait des amis aussi, pas mal même. Disons que ma promotion était assez soudée. Finalement deux années sont passées. On a pu enfin mettre les pieds dans un vrai hôpital, soigner des patients, découvrir les gardes qui n'en finissent plus. J'ai travaillé au Rockefeller University Hospital à Manhattan. C'est d'ailleurs là que j'ai connu Nick. Forcément on a souvent des cas particulier, on collabore avec les flics. Je l'aimais bien … je l'aime toujours bien en fait. C'est un homme bon tu sais.  »

Un soubresaut secoua doucement le corps de l'homme. La douleur s'était apaisée, mais son corps mourrait. La main de Vera, douce et fraîche, caressa la joue de du patient, comme pour le rassuré. Lorsqu'il eut une toux, crachant un peu de sang, Vera s'en délecta. Il avait bon goût.

« Quand la terre a tremblé j'étais de garde. Dans l'hôpital c'était la panique complète. Le nombre de blessés était impressionnant ! Je peux te dire qu'il fallait avoir le cœur bien accroché. En fait je ne sais pas ce qui a été le pire dans ces événement. Voir une mère dévorer son propre bébé m'a profondément choqué. Mes parents sont morts, tués par des dingues. Je me suis retrouvée presque seule après tout ça. Tu sais beaucoup n'ont pas eu la force de rester … certains sont morts, d'autres sont devenus fous et d'autres encore ont fini par prendre la fuite. Je suis restée. Je ne sais pas trop pourquoi. J'avais besoin d'aider ….  »

Un soupire s'échappa des lèvres rougies de Vera.

« Ne t'inquiète pas, c'est bientôt terminé.  » lui dit-elle d'une voix rassurante. « Où j'en étais ? … Ah oui … j'avais besoin d'aider. Alors j'ai fait ce que je sais faire de mieux : soigner les gens. Petit à petit j'ai compris que certaines personnes ne pouvaient plus être soignées, elles étaient contaminées. Aujourd'hui je sais ce qu'elles éprouvent … jamais je n'aurais du me rendre seule dans le Bronx … jamais ...  »

Sa voix se brisa doucement. Tête baissée, elle murmurait.

« Au début j'ai eu du mal à comprendre. Quand j'ai été attaquée je n'aurais jamais pensé avoir été contaminée. Pourtant … ça a commencé avec des migraines violentes, de la fièvres. Puis j'ai eu des hallucinations, visuelles et auditives. J'ai cru devenir folle. J'étais folle. J'ai commencé à m'en prendre à des inconnus, me croyant persécutée. Je suis restée cachée dans les rues du Bronx, seule, démunie pendant 7 longues nuits et journées. J'ai fini par comprendre que j'étais contaminée. J'avais pu étudier un peu ceux qui étaient touchés, je savais donc ce qui m'attendait. J'étais prête à me tuer tu sais … je commençais à me sentir mourir de l'intérieur. Et il y a cette chose en moi … qui me ronge, qui me pousse à faire des choses que je ne veux pas ... »

Sa voix n'était plus que murmure. Un grognement animal s'échappa doucement de ses lèvres closes et pincées. La faim.

« Je ne sais pas quelle chance mon organisme a réussi à lutter seul, sans vaccin. Je suis bloquée à ce stade, je n'ai pas poursuivi la seconde phase, ni la dernière. Mais je me protège tu sais, je prends le vaccin, tous les jours. Oh ça me coûte cher mais je me débrouille. Je parais normale en fait. J'ai toujours eu un teint blafard, ça ne me change pas d'avant … tu sais je ne suis pas un monstre … pas tout le temps … mais je n'ai pas le choix … je dois vivre … Et c'est pour ça que je suis venue voir Nick. »

Bien que faible, le soldat écarquilla ses yeux, stupéfait.

« Non non ne t'inquiètes pas ! Je ne ferai jamais de mal à Nick. Jamais ! Je suis là pour l'aider, pour aider ceux qui sont comme moi. Un jour je suis certaine qu'il comprendra que nos ne sommes pas tous bons à être exterminés … mais en attendant ce jour il ne doit rien savoir. Absolument rien. »

Doucement Vera releva la tête. Dans ses prunelles brillait une lueur rougeâtre, celle de la faim. Violemment, rapidement, elle posa sa main sur la bouche du soldat, lui coupant le souffle et la parole. D'un geste vive sa bouche plongea sur sa chaire mourante.

Bon appétit !

Chronologie :
1989 – Naissance de Vera Ann Dawson
2007 à 2011 – Début des études de médecine / Externat au Rockefeller University Hospital à Manhattan
2011 à fin 2012 – Début d'Internat au Rockefeller University Hospital à Manhattan, spécialité en cancérologie.
Du 21 au 24/12/2012 – Apocalypse
Mai 2013 – Touchée par le virus, début de la transformation. Finalement bloquée au début du stade 2.
Entre juin et juillet 2013 – Vera part à la recherche de personnes comme elle. Elle tombe finalement sur Nick au Staten Island University Hospital. Elle passe quelques jours à observer les allées et venues. Finalement elle propose ses services de médecin.
Depuis juillet 2013 – Médecin des US Patrol.