Elle les entend. Ils ne le savent pas, mais elle entend tout. Ce qu'ils disent, ce qu'ils prévoient, ce qu'ils jugent et ce qu'ils croient. Ils la prennent pour une idiote, incapable de réfléchir, mais c'est faux. Les bourdonnements qui s'accumulent dans son cerveau l'empêchent parfois de penser correctement mais elle n'est pas stupide ! "Il faut augmenter la dose. Elle raconte encore des histoires à propos d'abeilles qui viendraient faire du bruit dans sa tête. Elle est vraiment foutue celle-là..." Foutue ? Pourquoi foutue ? Elle n'a simplement pas la même vision du monde qu'eux, où est le mal ? "Tu me montrer un peu son dossier ? Quand ont commencé ses crises déjà ?" Un bref silence. Ash a beau y réfléchir, elle ne se souvient pas. En même temps, avec tout ce qu'ils lui font avaler dans la journée, elle a du mal à se souvenir ne serait-ce que de son repas de la veille. "Ah ouais, l'école primaire. Elle a enfoncé deux bouts de crayon dans le nez d'un camarade. Complètement tarée." Pour défendre Emily... Pourquoi c'est pas écrit dans le dossier ? C'est parce que le garçon en question avait volé le goûté d'Emily, elle s'en souvient maintenant. En y repensant, elle n'a plus jamais pu revoir son amie... Elle a déménagé et... Plus rien. Plus de nouvelles. Elle se souvient avoir été très triste sur le coup, puis elle a juste oublié. "Et après ? Ah ouais... Elle a fait 2 collèges quand même. Elle a envoyé 3 personnes à l'hôpital. Et elle a été interné quand ? Putain... Ca fait 8 ans qu'elle est ici ? Je vois qu'elle a eu droit à plusieurs sorties, avant ? Ca c'est toujours fini mal ? Alors pourquoi elle est définitivement enfermée ? Ah ouais... Ils doivent avoir du fric et pas beaucoup de coeur pour demander ça. C'est leur fille quand même. Bon aller, range moi ce dossier. T'sais quoi on va lui foutre la paix pour ce soir." Merci. Pas de piqûre. Pas de médicaments. Pas de questions idiotes. Juste les dessins animés à la télévision et des sucettes. Mise à part la liberté, que demander de plus ?

La liberté et l'extinction de l'espèce humaine bien sûr. Pendant son 184ème visionnage de Peter Pan, Ash entendit les médecins s'affoler dans les couloirs. Après un petit moment, des clés tournèrent dans les serrures et elle se retrouva enfermée. Assise sur le lit, elle ne bougea cependant pas. Et ce n'est qu'après quelques minutes à écouler l'affolement qui semblait grossir à chaque seconde dans les couloirs qu'elle se leva pour se diriger vers sa fenêtre. Troisième étage, chez les fous violents totalement inconscients. Des gens jouaient à chat en bas. Mais un chat particulièrement violent, avec des morsures, des coups de batte de baseball dans la tête et des hurlement à glacer le sang. Retournant rapidement dans son lit, elle prit soin de remonter la couverture jusqu'à sa poitrine avant de prendre sa télécommande pour stopper le DVD et mettre les informations. "Cannibalisme." Un coup contre la porte. "Les morts se relèvent." Un deuxième coup. "Zombies." Ash se glissa rapidement hors de sa couverture, sous son lit. La porte éclata. Elle aperçu des bottes militaires s'incruster dans sa chambre pendant quelques secondes, ouvrir les placards, puis repartir rapidement. Des coups de feu retentirent. Et les bourdonnements commencèrent. Les larmes aux yeux, Ash posa les mains sur ses oreilles et ferma les yeux, attendant que le bruit s'apaise. Un bourdonnement tellement intense que lorsqu'elle rouvrit les yeux, trois bonnes heures plus tard, elle se rendit compte qu'elle s'était endormie.

Les souvenirs remontèrent à la surface comme une vague lors d'une tempête et elle reposa instinctivement ses mains sur ses oreilles. Mais il n'y avait déjà plus rien... Seulement le silence. Elle retira donc lentement ses mains, écoutant le silence attentivement, avant de se décider de sortir de sous son lit. Elle tapota un peu ses vêtements et remarqua que sa porte était fermée. Elle s'y dirigea donc doucement et ses doigts entourèrent la poignée pour la tourner lentement. Son regard vert clair se déposa dans le couloir et, n'y voyant personne, elle la referma rapidement. C'était le moment rêvé pour s'enfuir, non ? Elle fila donc à la douche rapidement, s'habilla ensuite, puis prépara un sac à dos avec des vêtements propres, des paquets de gâteaux et un sachet de sucettes planqués dans sa chambre, et en avant pour la randonnée ! Peu importe ce qu'il pouvait bien y avoir dehors, ça ne pouvait pas être si dangereux que ça après tout. Il n'y a rien de pire que l'enfermement dans cet hôpital de toute façon.

Mademoiselle Earls déchanta très rapidement. Après plusieurs jours passés dehors à esquiver des gens qui voulaient la bouffer, les vivres commencèrent à manquer. Elle se décida donc à approcher de maisons qui semblaient abandonnées pour se rendre compte que toute la ville avait été abandonnée. Elle décida donc de s'approprier la maison qui lui plairait le plus. Après plusieurs visites - et quelques fuites rapides lorsque les habitants se montraient un peu trop carnassiers - elle fini par se poser dans l'une d'elle. Une maison rien qu'à elle, qu'elle pourrait ouvrir et fermer que quand elle le déciderait. Elle n'allait pas y rester bien longtemps, elle en était consciente, mais pour l'instant, ça serait son nouveau chez elle. Bien plus grand que sa chambre d'hôpital ! Avec de jolis pièges pour déglinguer tous ces abrutis qui voulaient la grignoter et une réserve de nourriture qui n'avait pas encore été pillée. Le meilleur dans tout ça ? La réserve de sucettes. Mais... Toujours aucune arme.