Journal d’Elwyn pour les services sociaux

J’ai grandi dans une petite maison ou de l’extérieur, on pouvait voir une maison normale, un jardin tout de même mal entretenu, mais tout en restant un jardin ordinaire, de l’intérieur on pouvait voir une maison affreusement triste et lugubre.
Le sol est propre la plupart du temps, mais parfois on y retrouve des débris de verre cassés, ou dans ces moments-là, on entend aussi hurler, pleurer et supplier.
Une femme qui protège ses deux fils devant un homme violent et alcoolique, le plus grand des fils commençant à menacer le père, n’hésitant pas à se placer devant sa mère et son frère pour les protéger.
Le temps passe et le père se calme, la mère enseigne alors à ses fils des choses dont-ils ne comprenaient pas l’importance, la base de la médecine à base de plante, le respect de la nature, avec quel élément les deux frères se sentaient le plus à l’aise, le temps passe toujours puis le grand frère part de la maison, étant enfin majeur, laissant sa mère et son frère derrière lui et voila que tout dérape de nouveau.
La mère finit par mourir d’un traumatisme crânien en tombant des escaliers (évidemment le coup des escaliers est un pur mensonge par le père).
Le petit dernier grandit sous les coups de son paternel, parfois fuyant la maison pendant plusieurs jours et restant en forêt, jusqu’au moment où la police le retrouve et le ramène auprès de son père « très inquiet » .
Son bourreau, le patriarche a bien compris la souffrance de son fils et il refuse de le voir partir, c’est son fils, il est à lui, il n’a pas à prendre de décision seul, on ne désobéit pas à son père … Le cadet le sait que trop bien.
Comment aller à l’école le matin ? Une excuse pour ne pas aller à la piscine … Tenter à nouveau de fuir, pleurer, hurler et se renfermer.
Le petit garçon grandit et devient un guerrier, il a appris seul à travailler le bois, à manipuler les couteaux, à voler des armes, à voler à manger …
Pour lui dépecer un animal ne lui fait pas peur, la douleur n’est rien, les autres ne sont rien.
Peu à peu, il devient respecté, personne ne l’approche, il ne veut pas qu’on l’approche, parfois ayant des réflexes effrayants.
Une poignée de main tendue devient pour lui une sorte d’agression, il part à l’avance les coups.
Les hommes sont hypocrites car beaucoup avaient compris ce qu’il se passait dans cette maison, mais personne n’avait rien fait.
Un jour une bagarre éclata … Ce fut la dernière.
Le père avait encore une fois violenté son fils, seulement celui-ci n’étant plus un petit garçon s'est défendu, la colère, la rage, la haine, un coup bien plus violent qu’un autre et voila qu’il poignarde son père dans l’abdomen.
Que faire ? Fuir …

Troisième point de vue

C’est au milieu de l’hiver, après un an d‘errance que Elwyn fut retrouvé par les services sociaux, à force d'errer dans les rues, d’y dormir il en avait oublié ce qu’était d’être en pleine santé, de manger à sa faim, de vivre même.
Il fut placé dans un centre pour les mineurs fugueurs, orphelins, délinquants … Elwyn avait maintenant 15 ans.
Comme partout on pouvait retrouver la fameuse loi du plus fort et c’est à partir de là, que le jeune Wilander se forgea une carapace et s’endurcit, devenant sarcastique et facilement bagarreur, voulant montrer de quoi il était capable, il était alors apte à relever maints défis.
Elwyn se plait à devenir un leader, rusé et sournois, il en était pas moins courageux et protecteur envers les plus faibles.
Le jeune homme devint lunatique, passant facilement de la colère à la joie, à l’envie de frapper aux rires.
Il souffrait en silence, les éducateurs voyaient la détresse qu’il tentait tant de cacher, l’inscrire à des cours de musique, il y apprit la guitare, celui-ci devenant très doué.
Le temps continuait de s’écouler et Elwyn se plongeait dans le sport et la guitare pour oublier son enfance en particulier son père et son frère, un passé qui ne cessera à jamais de le suivre.

Finalement le jeune Wilander eut ses 18 ans et les éducateurs avaient fait en sorte de l’aider à démarrer dans la vie.
Un petit travail de serveur, quelque chose de simple, mais qui l’aiderait à payer un loyer et de la nourriture, mais c’était sans compter son sale caractère, au bout d’un mois seulement, il fut renvoyé.
Bien trop fier pour l’annoncer à ses éducateurs qui prenaient de ses nouvelles, il trouva des petits boulots illégaux pour continuer de payer son maigre loyer.
Malgré tout, il finit de nouveau à la rue, du travail sale autre chose que son rêve d’enfance. L’hiver allait de nouveau arriver, Elwyn devait prendre une décision il voulait aider, il aiderait autrement, ainsi il prit la décision de s’engager dans l’armée.

La guerre … c’est laid. C'est l’une des choses à laquelle pensait le jeune Wilander, après un entraînement intensif. Elwyn devint un militaire, soldat des forces terrestre et fut déployé avec son unité au Moyen-Orient.
Tant de mercenaires, de peur, de larmes, de souffrances, les habitants craignaient les militaires, mais certains les remerciaient pour leur aide.
Oui Elwyn aimait apporter de l’aide aux peuples, donnant des couvertures et de la nourriture, on combat l’ennemi, malheureusement il y en a beaucoup qui se cache parmi les habitants, alors il arrive que des raides finissent très mal.
Elwyn n’aimait guère patrouiller avec une arme devant des enfants, en rien il n’était un danger pour les habitants, celui-ci était même présent avec son unité pour les aider, seulement certains ont peur et ne comprennent pas.
Les enfants se cachent, certains plus hardis lui jettent des pierres, mais Elwyn a le don de se faire aimer des plus jeunes, parfois délaissant un peu son rôle de soldat pour jouer au foot avec les enfants des villages, si jeunes et innocents et pourtant vivants dans la terreur.
Parfois les raides finissent en explosion de sang, Elwyn voit ses amis mourir, des connaissances, il voit la chair, les os ressortant des corps, les larmes, le feu …
La guerre c’est moche, c’est terrifiant, c’est horrible, c’est atroce…
Elwyn n’en dort plus la nuit, malgré tout il continue de servir, il monte en grade de première classe celui-ci pourra bientôt postuler au grade de caporal, seulement la guerre ce n’est pas une vie.

C’est lors d’une attaque où Elwyn était placé en tant que soldat de contre attaque, que sa vie prit de nouveau un autre tournant.
L’attaque devint rapidement un massacre, des mines explosant de partout, les soldats étaient pris au piège, les tirs arrivaient de partout et étaient impossible à localiser, Elwyn dû se déployer avec les autres soldats de contre-attaque pour aider leurs camarades, des tirs, des explosions, courir et surtout ne pas s’arrêter, ne pas regarder en arrière, tirer sur les ennemies présents, courir, tenter de localiser les autres tirs, des explosions, des tirs, le noir, les ténèbres.

Elwyn pouvait entendre des bip réguliers, il pouvait sentir l’odeur de désinfectant et sentir quelque chose lui donner de l’air, quelque chose qui lui comprimait la gorge et le thorax.
Ouvrant les yeux il les referma aussitôt la lumière l’aveuglant, les bips s’accélèrent des pas, des formes floues puis de nouveau le noir et les ténèbres.
Le second réveil de Elwyn fut moins brutal, déjà il n’avait plus cette chose lui compressant la gorge, il pouvait respirer de lui-même, aider par un canal nasal, il comprit rapidement ou il était, un hôpital.
Voulant se redresser il hurla de douleur, de nouveau les infirmières arrivèrent lui expliquant beaucoup de choses, lui voulait juste savoir ce qu’il faisait ici, ou était son unité, les réponses viendraient en temps voulu.
Celui-ci aurait du mourir sur le terrain, mais c’était comme-si le feu ne pouvait l’approcher, du moins le toucher, la force de l’impact l’avait laissé trois mois dans le coma avant qu’il ne se réveil.
Il avait trente-deux ans.

Les souvenirs de la guerre lui pesant sur la conscience, l’ex-militaire dormait mal, pour apaiser sa douleur il lui arrivait de consommer des drogues fortes, pour oublier ses cauchemars.
Incapable de retourner sur le terrain, il voulut alors en apprendre davantage sur ce qui c’était passé.
Le feu ne l’avait pas atteins, sa mère lui avait parlé des éléments, de sorcellerie, il n’y avait pas crus, mais il devait en avoir le cœur net.
Sa mère lui avait parlé d’une ville Coven Valley, c’était là-bas qu’il se rendrait, peut-être y trouverait-il des réponses et se fut le cas, alors il ne quitta jamais Coven Valley.
Il apprends à maîtriser son don, peu sociable, respectant la nature, puis la brèche s’ouvrit …
Encore quelque chose de nouveau pour l’homme, les démons, les morts-vivants, heureusement Coven-Valley est sous la protection d’un leviathan, seulement l’ex-militaire garde aussi des vieilles habitudes, comme vouloir aller sur le terrain et combattre ce nouveau mal.